Pas de parcours à préparer mais pas de parcours donné non plus avant le départ, c’est le concept de la Unknow Race. Julien raconte comment il a géré la création de sa trace tout en étant déjà sur le vélo . Beau challenge réussit avec brio !
Première course de l’année.
J’ai longuement envisagé la Desertus mais mon hésitation a été trop longue par rapport à la fin des inscriptions !
Puis en regardant sur le calendrier du site Dotwatcher j’aperçois un évènement localisé pas très loin à Lyon et découvre The Unknown Race. Très rapidement je suis séduit par le descriptif : pas de CP avant le départ mais au fil de la course et une organisation à but caritatif inspiré de la TwoVolcanoSprint.
Je valide rapidement et me retrouve au départ le vendredi 07 Avril. A 5h55 je suis naturellement réveillé pour l’annonce du premier CP sur Whatsapp à 6h00. Au chaud sous une couette je découvre qu’il faut aller sur le plateau des Glières ! J’avoue regarder à deux fois car vu la météo des jours précédents et la position du CP je crains de la neige mais un bref check via une webcam me rassure (c’est un col routier coupé par 2km de gravel damé pour le ski de fond en hiver). C’est parti pour 30min de création d’une trace sur Komoot. Avec un comparatif Google Map et ma mémoire car pour le coup je suis pas totalement dans l’inconnu ! Je privilégie le plat et contourne toutes les bosses pour rejoindre le pied du plateau.
Ensuite je ne traîne pas : je descends au départ avec un passage dans une boulangerie. 7h00 et c’est parti pour les 30 premiers km tous ensemble en groupe. Le temps de discuter tout en restant attentif à des furieux dans l’autre sens !
Une fois la ligne de départ fictive passée ça s’éparpille. Je partage la même trace que pas mal de monde donc faut contrôler un peu son rythme car comme souvent ça commence plutôt fort. Au passage d’un rond-point j’ai le malheur de glisser sur la route rendu humide par des petites averses. Résultat, une extrémité de prolongateur dévissée et des égratignures à des doigts qui vont saigner pendant plusieurs heures. Bref je commence à me retrouver seul à mon rythme vers 10h00. Tranquille je rejoins la Via Rhona, passe par les gorges du Fiers, le nord d’Annecy et me voilà aux pieds du plateau en même temps qu’une bonne rincée que je vois arrivé. Je décide de m’équiper car elle semble assez forte et si le prochain CP est dans le nord je ne serai pas sec avant la nuit vu les prévisions ! Finalement ça s’arrête dans la montée et j’arrive avec le soleil au CP1 sur le plateau des Glières : le top ! On se retrouve quelques-uns à discuter.
Et surtout la découverte du CP2 : col de Perty. Ouf on part dans le sud. Et encore un endroit que je connais (dans l’autre sens lors de la Three Peaks 2022). Je ne tergiverse donc pas avec une ébauche de la trace en tête : demi-tour nord d’Annecy, Rumilly, Chambéry, Grenoble, col de la Croix Haute et col de Perty. Je fais la trace plus tard en roulant car ce sera utile pour la traversée de Grenoble. Bizarre de passer sur des routes familières voir quotidienne en mode course. Bonne surprise en arrivant sur Chambéry de voir mon frère et mes parents au bord de la piste cyclable.
Un bref échange et je repars non-stop jusqu’à Grenoble pour une première pause dans un Mcdo. C’est 21h une « bonne » dose de protéine, sucre et café et c’est reparti. Ca déroule jusqu’au col de la Croix Haute. Juste un break à un distributeur qui tombe à pic pour recharger une des gourdes de Coca. Cette route est agréable de nuit car en journée ça roule beaucoup, et encore mieux avec la pleine lune avec une vue sur les massifs du Dévoluy et des Ecrins au fond. S’en suit une longue descente et un gentil plat jusqu’aux pieds du col de Perty. Je commence à avoir froid et je m’y attendais car en plein juillet ça avait été le plus froid de la Three Peaks. Un torrent n’est pas loin de la route et en plus en prévision du gel le matin il fallait zigzaguer entre les arroseurs pour protéger les boutons des fleurs des pommiers. Arrivé au col vers 5h00 du matin je suis surpris de voir à cette heure, et avec un bon vent frais, Victor et Filippo : motivé l’équipe ! On discute pendant que je mets le peu qui me reste en vêtement.
CP suivant : Tour d’Auvergne et plus précisément la Chapelle Notre Dame de Natzy. Je balance rapidement sur Google Map et note la ville la plus proche à suivre : Nyons. On s’occupera de tracé calmement au soleil car là ça caille ! Je suis donc les panneaux jusqu’à Nyons. Une fois arrivé, en mangeant mon Cheeseburger tenu au chaud dans mon dos depuis Grenoble, je peaufine les km suivant mais ne valide pas à 100% la trace, ça demande réflexion et je peux le faire en roulant. Je reprends la route jusqu’à Valréas dans la vallée du Rhône où je valide définitivement et transfert sur mon Etrex ! Ce sera par le col de la Chavade à défaut de celui proposé par Komoot le col de Gerbier de Jonc : merci Google map ! -500m de d+ et autant de km.
La matinée est difficile jusqu’à Aubenas, avec un vent de face et donc l’impression de pas avancer, gaspiller de l’énergie, remettre en question ma route : un moment dur mentalement. Un peu déprimé dans la montée qui suit je décide de regarder pour la première fois Dotwatcher. Car Victor m’avait annoncé 5ème au CP2 et j’ai vu des personnes dormir sur les côtés avant Nyons. Et effectivement je me trouve 2ème et ça me remobilise ! De quoi plier le col de la Chavade avec ces pentes à 10% et maintenir un bon rythme ensuite. Tout le plateau qui suit sera sur des petites routes tranquilles et un beau paysage.
Par contre que des petits villages sans rien et c’était trop tard quand je suis arrivé à Brioude. Juste eu le temps de prendre le dernier salé d’une boulangerie qui baissait ses rideaux. S’en suit un jolie couché de soleil avant de partir dans des petites routes en fond de gorges. La nuit tombe et les températures aussi ! Même pendant les 16km de montée jusqu’au col de Volppière je ne surchauffe pas. Donc arrivé au sommet je mets tous, sur-chaussure, sur-pantalon, veste et double buff. Car en plus il y’a du vent. Autour de 2/3h du matin la fatigue commence à être forte sans pause depuis le début 44h. Saisi par le froid et cette fatigue j’ai l’impression de tourner en rond et divaguer sur ce plateau de l’Artense avant d’être réveillé par le panneau « Tour d’Auvergne » ! Mais le point GPS c’est la chapelle donc je me fais une trace rapide sur Google map que je suis le portable en main. Et là surprise c’est au sommet d’une bosse accessible qu’à pieds, ça se fini donc en poussant le vélo (me rappelle les marches au sommet du Monte Gelbison de la TwoVolcanoSprint 2021). Une photo pour assurer le passage et on file.
J’avais déjà préparé une trace dans le col après Aubenas mais je décide de commencer par suivre un panneau Clermont-Ferrand car la trace partait dans l’autre sens… La grosse fatigue commence à frapper, je connais bien ça vers 5h/6h du matin c’est le plus dur, faut tenir jusqu’au lever du jour. En attendant je trouve un distributeur de pizza et hésite pas longtemps. J’emballe une moitié plié en 4 dans un papier qui me restait et repart avec l’autre en main. Je résiste à la fatigue jusqu’à proximité de Clermont Ferrand où enfin le jour se lève. Je me remets sur ma trace et avance poussé par des messages, car on est au coude à coude avec Sebastian ! J’opte pour une trace « lisse » par Thiers : une montée et on bascule dans la vallée de Saint-Etienne. Mais noyé par la compression du profil sur le téléphone j’ai zappé un petit pic : le col de Saint-Thomas. Pourtant à son pied je prends la direction de Saint-Etienne avant de voir que je sors de ma trace. Et la grosse erreur : je fais demi-tour pour faire cette « petite bosse » de 8km avec les quatre derniers à plus de 10%…
Peut-être pas perdu beaucoup de temps mais de l’énergie c’est sûr. Il m’en reste pour appuyer jusqu’au pieds des Mont Lyonnais. Arrivé je me lance rapidement dedans, ça monte, ça descend, ça monte… usé je m’aperçois que je suis une trace pas rentable du tout pour aller au départ du parcours final. Il y’aurait eu moyen de contourner ces murs à plus de 10%… Par-dessus ça je m’embrouille entre mon GPS et Dotwatcher sur le départ du parcours. J’avais l’ancienne trace plus longue sur mon GPS et je m’aperçois être dedans depuis quelques km mais ne pas l’avoir suivi dans les règles car j’ai improvisé des détours pour éviter des murs. Je commence à faire demi-tour pour refaire correctement mais au fil de la descente j’ai comme une lumière au milieu du brouillard dans ma tête et prend le temps de m’arrêter. Je regarde sur Dotwatcher et en fait tous est bon car je n’avais pas encore commencé la dernière trace à jour pendant mes détour : nouveau demi-tour donc ! J’ai la chance de pouvoir m’imposer un rythme en fin de course : des muscles qui répondent et surtout encore à boire et à manger. Donc feu dans toutes les bosses des monts du Lyonnais jusqu’à la ligne d’arrivée fictive au col de Malval. Petite pause et on profite en roue-libre de la descente sur Lyon pour retrouver tout le monde à l’arrivée : organisateurs, bénévoles, participants contraints au scratch et Sebastian le vainqueur intouchable à la fin ! Discussion et partage autour d’une bière et la soirée qui tombe à pic : un burger, une douche et dodo !
Merci à tous pour les messages avant pendant et après cette grande boucle !
(Anecdote : le lendemain lundi les plaies sur mon petit doigt de ma chute du vendredi commencent à avoir des signes d’infections, résultat : passage chez un pharmacien qui choqué m’envoi aux urgences : bilan 8h d’attente et absent à la finisher party ! Donc attention, ça peut valoir le coup de faire un stop en pharmacie après une chute pour désinfecter un coup !)
Jean Marc Orus says:
Julien merci pour ce récit qui nous fait vivre et comprendre l’importance de la navigation en ultra distance.
Simplicité, timidité mais tellement motivé voilà les qualités que je ressens chez toi, le secret de la réussite
Bravo Julien