Desertus Bikus 2023

Pour le lancement de mon année 2023 j’avais choisi comme l’an dernier la Desertus Bikus. L’an dernier cette course m’avait bien réussi avec une troisième place derrière Sofiane Sehili et Victor Bouscavet.

Le principe de cette course est de partir de Anglet pour rejoindre la ville de Nerja au sud de l’Espagne en passant par 4 checkpoints dans 4 déserts. L’itinéraire est donc libre et cela joue énormément sur notre potentiel classement.

Après avoir passé quelques heures sur Komoot pour tracer mon itinéraire, j’avais identifié 2 passages de frontières concurrentiels et complètement différents, passage à Urepel dans le pays Basque ou au col du Somport ! Ça laisse beaucoup d’options différentes pour tous les cyclistes ! Au final je choisis le passage dans le pays Basque pour 1421 km et 14 700 D+ ! Une belle partie de manivelle en conséquence !

Question vélo cette année je rempile avec le 3T Strada, cependant avec quelques évolutions. Mon set up de sacoche a changé car cette année je roule pour Miss Grape ! Je pars avec leur prototype de top node (sacoche de top tube) et la sacoche arrière 7L. De quoi ranger les affaires pour le froid car les nuits s’annoncent fraîches (0-3 degrés). Je change de marque de pneu aussi avec le soutien de Hutchinson qui m’a envoyé les Sector en 32 mm, développés pour le Paris Roubaix en tubeless (autre nouveauté). Question poste de pilotage je rajoute également des prolongateurs avec lesquels je me suis entraîné tout l’hiver pour maximiser l’efficacité. Pour le reste c’est du classique, mono plateau ovale en 48, cassette 10/44 roue en 60 mm, lampes Exposure (avec une supplémentaire sur le casque) et selle courte. Question tenue mon nouveau partenariat avec Poc via SUPERVELO me permet d’utiliser un beau cuissard cargo et une belle veste à capuche pour le froid et la pluie !

Le grand départ

Vendredi 21 Avril, le départ est fixé le samedi pour 0h01. Par rapport à l’an dernier le fait de ne pas travailler la semaine précédent le départ me laisse le temps de me préparer et de me reposer. Arrive le vendredi matin, j’amène la Caravane Fastclub pour alimenter en café les 200 cyclistes au départ !

L’après-midi j’en profite pour aller faire une sieste de 5h plutôt royale ! Réveil à 20h… malheureusement un bruit me réveille, c’est le tonnerre ! Les fortes chaleurs de la journée ont déclenché un bel orage, le départ va être plus humide que prévu ! Pour la peine je change de modèle de sur-chaussures pour un modèle plus « étanche ».

Nous sommes une heure avant le départ, dans les locaux de la course à Anglet, grosse ambiance, beaucoup de coureurs, beaucoup d’accompagnateurs, un Dj, une buvette, un peu de pluie et du café !

Question amigos on est servi ! Beaucoup de membres Fastclub sont là et le fait d’être à la maison pour le départ est excitant. Je suis comme un fou, on me sollicite de partout, m’encourage, me demande si je vais faire premier, cela me drogue littéralement, la pluie n’est plus un problème je suis très très chaud !

C’est le départ ! Tout le monde s’élance et dès le premier virage les directions sont différentes ! Je choisis de partir vite pour ne pas qu’un écart s’installe dès le début avec la tête de course, il faut dire qu’il y a des clients ! (Victor, Clément et Stéphane pour ne citer qu’eux)

Je pars sur la nationale direction Ustaritz sous des trombes d’eau, je frise la correction deux fois dans des virages à cause de pertes d’adhérences, quelques km plus tard ça ne manque pas, je glisse des 2 roues dans un rond point, je ne suis pas blessé, je récupère mon bidon qui a sauté et je repars (avec l’air d’un imbécile qui est tombé après 10 km de course 😂).

Je commence la montée de Sorogain, je vois la trace d’un seul vélo devant moi, je finis par apercevoir le cycliste parti plus à fond que moi ! C’est Mathieu Garrate ! Un Basque avec qui j’avais déjà roulé l’an dernier. On rigole et discute bien, dans la montée et la descente le brouillard est très épais, on ne voit pas grand chose et je me fais encore des frayeurs d’adhérence ! On arrive ensuite sur un faux plat descendant, conditions parfaites, il ne pleut plus, on prend pendant plus d’une heure des gros relais ! Un peu plus tard un autre cycliste nous rejoint, c’est Victor, on prend maintenant des relais à 3. La fatigue se fait sentir pour Mathieu qui craque dans les roues (on est vraiment sur une course de 1400 km ??)

Les km s’enchaîne, je laisse partir Victor pour m’arrêter manger rapidement et enlever une veste. Le vent commence à se faire sentir et il est prévu de l’avoir toute la journée de face ✌🏻. Quelques heures plus tard le jour est levé, je roule à 20km/h avec le vent de face, je profite de tomber sur un bon café routier pour prendre mon petit déjeuner et surtout reprendre des forces ! Au passage je vois passer Stéphane Lombard par la fenêtre (on est tous à 20km/h !) j’en profite même pour sécher les chaussettes dans les toilettes !

Le CP1 est en approche, les places commencent à se fixer, je passe au CP1 après 331 km en 13h, la portion de gravel est très sympa et roule bien. Au CP je retrouve toute l’organisation, on rigole bien, je raconte quelques blagues et je repars !

Malgré que le parcours fasse un virage à 180 degrés, je me retrouve encore avec le vent de face ! (J’évite la pluie pour moins d’une heure aussi !) je me ravitaille et prends la direction de Saragosse et du CP2. Je fais en sorte de continuer sur un rythme correct mais la chaleur est intense ce jour-là. Les autres concurrents passent eux plus au sud. Je traverse Saragosse rapidement en faisant deux trois photos au passage (c’est du tourisme express). Je fonce également dans un Carrefour Express pour refaire le plein et m’arroser. Sortie de Saragosse, je prends mon rythme, tout va bien et là !!!! Une voiture de police me dépasse, me fait signe et s’arrête ! Ils m’expliquent que c’est interdit de rouler avec des écouteurs en Espagne (logique en même temps…). J’essaye de faire des blagues pour me rendre sympathique mais rien à faire, l’histoire me coûte 100 euros et au moins 15 minutes. Il me reste 900 km à faire sans musique (je pense que c’est ça ma plus grande sanction).

Je reprends ma route, j’en suis au km 500, je vais finir de monter un col avec le couché de soleil. C’est très plaisant même si la fatigue se fait sentir. Je sais que la nuit qui arrive va se passer en altitude aux alentours des 1000m et qu’il va faire entre 0 et 3 degrés. Je la redoute cette nuit, elle commence à tomber je réfléchis et prends la décision de m’arrêter dormir à l’hôtel quelques heures. Après tout sur la dernière Transpyrénnée les 3 premiers se sont arrêtés dormir toutes les nuits alors pourquoi ça ne marcherait pas avec moi ! A ce moment, je suis revenu en tête course j’en suis ravi.

Je trouve un hôtel familial sur mon téléphone, bim je réserve, j’arrive il est 22h cela fait 520 km que je roule depuis le départ. J’explique ma situation, ça les fait beaucoup rire et ils prennent mon cas au sérieux! Je leur dis de me préparer ce qu’ils veulent mais que j’ai faim, je monte mon vélo dans la chambre, me douche, branche tous les appareils et redescends au restaurant. J’arrive, la table et les plats sont prêts ! Il ne me reste plus qu’à manger, ce que je fais assez rapidement. Je prends leur stock de brioche pour le petit déjeuner et file me coucher. Il est 23h, je mets le réveil pour 1h30.

Le réveil sonne, j’ai très bien dormi, je prends mes affaires et repars de l’hôtel. Je vois sur le tracker que la tête de course s’est envolée mais Lolo Garbolino n’est pas très loin sur la même route que moi, je le verrai peut être.

A peine reparti qui voilà : Lolo ! il est 2h30 du matin, on est au milieu de l’Espagne et on se retrouve à rouler ensemble. On rigole bien, lui fait des micro siestes et il fait très froid. Après une dizaine de km ensemble il s’arrête dormir, on attaque le plateau en altitude aussi et les compteurs affichent 3 degrés. Je continue un peu mais une dizaine de km plus tard, gelé, je m’endors, je tergiverse pas longtemps et décide de m’arrêter pour me mettre dans ma couverture de survie quelques minutes pour faire remonter ma température corporelle. Finalement je m’arrête pour quasiment 40 minutes de sieste.

Ca y est je suis reparti et la forme est correcte, j’arrive sur un passage gravel le long de l’autoroute, le chemin n’est pas évident à trouver mais ça va. Assez rapidement je m’aperçois que le chemin longe des champs agricoles, ils ont tendance à arroser dans ce pays… Je passe dans des bourbiers, j’essaye de faire au maximum attention mais pas le choix, je suis obligé d’enlever la boue avec mes gants sinon les roues sont bloquées. Je vous raconte pas le bruit aussi… J’enchaine les passages un peu bancals mais j’avance bien. Ce sera bientôt le lever de soleil j’ai hâte !

Sortie du long de l’autoroute je rentre dans un superbe canyon, je profite malgré le froid, je profite tellement que je sors mon téléphone pour faire une photo et mon lecteur mp3 glisse de ma poche et s’explose par terre, décidemment c’est pas le meilleur matin de ma vie. J’arrive à réparer le lecteur, finalement c’est solide ces petites choses.

J’arrive à une superbe caféteria, je décide de m’y arrêter et d’attendre Laurent qui n’est pas loin… Une fois mon déjeuner pris je repars sans avoir vu Lolo. Quelques km plus loin j’aperçois une station service, je vais y jeter un œil pour laver mon vélo, royal ! Le 3T est revenu tout neuf et il pédale bien, 3 minutes plus tard c’est Yvan et Sam dans le camion de l’orga qui se mettent à mon niveau on discute un peu c’est très sympa. Je vais arriver sur le CP2 moins de 10 km plus tard.

Passage au CP2, aller, encore de la boue sur le vélo ! Mais beaucoup moins quand même, je traverse, arrive sur la grande route et profite pour m’arrêter pour me mettre en mode été (à 9h du matin). Il va y avoir beaucoup de km à faire donc autant être habillé en conséquence.

Les kilomètres s’enchainent, entre les deux CP il y a 500 km… Globalement le fait marquant de cette journée sera le passage près d’un sacré lac, ou j’achète le sandwich le plus grand del mundo ! J’en ai mangé que la moitié. Je continue mon périple km après km, tout se passe à merveille, la journée va se terminer, je profite d’un repas « station service » avant la nuit, les positions sont bien installées, je suis 4ème.

Les lignes droites sont longues, à coup de 20 km mais le vent n’est pas contre moi, c’est un bon point. Au petit matin c’est un peu difficile, je suis en approche du CP, cela fait au moins 500 km que je suis parti, je trouve un toilette public avec de la lumière à l’intérieur, je m’y engouffre avec mon vélo pour y dormir assis quelques minutes, 30 minutes plus tard je reprends le vélo, avec le soleil levant ça ira mieux.

Je suis en approche du CP, vers 11h le matin, déjà 1100km depuis le départ, je croise Clément qui après avoir fait une boucle pour le CP3 et avoir mangé m’attend pour me passer le bonjour ! On discute 3 minutes et chacun repart de son coté ! Je me lance par une montée abrupte dans le Desert de Gorafe, ça tombe bien, l’an dernier j’étais passé de nuit et j’avais rien vu !

Je valide le CP et après un peu de gravel racing je sors du désert, il va falloir appuyer pour rejoindre Clément qui a presque deux heures d’avance. Déjà je remets un peu de pression dans les pneus pour être sûr d’avoir un bon rendement. J’ai plus d’eau aussi, il me faut me ravitailler et en Andalousie il fait chaud sur le coup des 15h ! Je rentre dans un bar rural d’un petit village, il se foute un peu de moi mais j’assume le rôle avec mes deux sandwich, deux cocas et mon eau pétillante. C’est parti pour 180 km à fond pour revenir dans la roue du champion.

TODO BENE, j’enchaine grâce à l’excitation, je pense que nous n’avons pas exactement la même trace, nous en avons parlé lorsque que l’on s’est croisé et je me doute que j’ai moins de km mais plus de dénivelé. Arrivé a Huétor-Tàjar comme prévu Clément passe par la trace basse, je pars sur la trace au nord avec un très bon gravel à 15% suivie de monté très très raide juste avant le cp4.

Finalement je me positionne toujours troisième au CP mais j’ai déjà remonté une heure sur Clément. Le coucher de soleil est incroyable sur Iznajar, j’en profite et je saisis l’occasion pour faire une belle photo (je pense que c’est à ce moment que je fais tomber ma pochette avec carte bleu, carte d’identité, carte vitale…) Je reprends la route, et m’aperçois trop tard de la perte de mes papiers, je suis plutôt déçu de cette erreur.

Clément cale dans la montée, je reviens sur lui à vitesse grand V ! Finalement je l’aperçois, malheureusement dans la bataille il s’est fait mal au genou, on discute brièvement, s’encourage et je file tout content de prendre la deuxième place.

Quelques minutes plus tard nouveau rebondissement, j’arrive sur un immense portail fermé qui m’empêche de prendre le beau chemin prévu sur ma trace. Je fais demi tour immédiatement pour trouver un autre passage. Nouvel échec, pas de chance, je regarde le tracker et prends la trace de Victor ! Je m’engage dans un gravel assez propre qui me rallonge un peu mais où je récupère ma trace un peu plus tard. Le problème ? Je ne connais pas du tout le profil et ça monte indéfiniment… J’ai même peur que Clément me passe avec une meilleure trace.

Un fois de retour sur la trace, il est déjà plus de minuit et je suis complètement explosé, il me reste plus qu’à descendre et rouler un peu sur le plat pour finir la course… Mais quelle galère, je ne suis plus lucide, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai faim, je perds du temps tellement facilement à ce moment-là… La descente est un enfer, je n’arrive pas à rouler, je décide même de dormir quelques minutes car impossible d’aller plus loin…

Je remonte en selle quelques minutes plus tard pour rejoindre l’arrivée, j’ai tellement envie d’appeler un taxi, je veux juste dormir… Heureusement j’arrive vers 4h du matin dans le centre de Nerja ! Yvan et Vana (et même Stef Lombard est là) Ouf je suis délivré, j’ai réussi à finir cette course !

Une deuxième place qui me ravie !!! Après 1450km très très rapide ! Maintenant place à la récup car la prochaine course est dans moins de 6 jours…

Les Strava :

https://www.strava.com/activities/8952836717 & https://www.strava.com/activities/8952846011

6 thoughts on “Desertus Bikus 2023

  • Excellent ce récit. Chapeau Max
    Question matos maintenant que j ai moi aussi un 3T strada 2019:: tu as pu monter des 32 de section ? Et côté derailleur : quel modèle as tu pour passer avec 48ovale devant et- 44 arrière ?

    • Captain Max says:

      Salut Rémi,
      Oi j’ai reussi à monter des 32 sector de chez Hutchinson, c’est vraiment conformatable. Par contre ca passe juste, sur la fin j’ai voilé ma roue et ça m’a un peu ponçer le cadre…
      Je suis en Sram XPLR axs avec une cassette en 10/44

  • Emilie Lecoq says:

    Super récit Max! On s’est cru faire la course sur ton porte bagage en te lisant 😁 encore bravo pour ta 2ème place et désolée pour tes petites mésaventures 🥹 j’espère que tu auras retrouvé tes cartes (CI CB et VITALE). Ça peut servir 😉bonne récup après ton bikingman! La bise.

    • Captain Max says:

      MErci beaucoup Emilie, à ce jour je n’ai toujours pas retrouver mes cartes… J’attend encore avec espoir devant la boite aux lettre !

  • Bravo et merci pour ce récit! C’ets toujours intéressant de savoir comment ça se passe à l’avant de la course! Et comment les premiers gèrent!

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