Nous sommes le lundi 5 septembre au matin , sous l’arche du sponsor redbull il fait nuit noire et il est 5 heures exactement .
Une centaine de cyclistes lumières allumées prennent le départ de la course ultradistance du bikingman Euskadi 2022 une épreuve de 1000 km avec 23000m de dénivelé positif. Un parcours dantesque à travers le pays basque, l’Espagne, les pyrénées, l’ariege empreintant 64 cols..pour être finisher de cette épreuve il faut absolument rallier l’arrivée avant samedi et pour gagner il faut réaliser le parcours le plus vite possible en autonomie complète, aucune assistance n’est autorisée on doit se débrouiller par nos propres moyens pour dormir et manger sur le parcours.
Amoureux de montagne et de découverte à vélo j’ai déjà participé à cette épreuve l’année derniere dans la catégorie duo avec mon amis julien le but était de terminer et surtout découvrir cette discipline atypique cerise sur le gateau nous avions gagné la catégorie duo.
Ce lundi matin cette fois ci en solo javais un tout autre objectif en tête…depuis quelques semaines je m’étais mentalement préparer à rouler jour et nuit et rallier l’arrivée le plus vite possible sans objectif de classement à cet heure ci…découvrir si mon corps est capable d’encaisser cette charge physique avec un minimum de sommeil.
Évidement avant ce jour j il y a eu beaucoup de kilomètres en montagne à des heures où les réveils ne sonnent jamais . Des périples en guise d’entraînement mais surtout de plaisir à vélo.
Juste avant le départ je me positionne en première ligne juste à côté de laurianne qui réalisera son exploit elle aussi , non pas pour partir comme un boulet de canon mais plutôt pour surveiller les avant postes , jauger la vitesse des concurrents pour savoir comment aborder cette première journée et ainsi trouver mon rythme à adopter.
Ma stratégie de ce lundi était claire j’avais chargé les sacoches en nourriture dans le but de rouler toute la journée sans avoir à chercher à manger et atteindre le cp1 à iraty après 240 km en fin d’après-midi.
Les premiers kilomètres passent je me sent plutôt bien, je découvre les stars de la discipline qui se positionnent aux avant postes on papote par petit groupe les leader s’échappent tranquillement et je me rend compte que mon rythme est plutôt bon , je ne force pas trop j’en garde sous la pédale je garde en tête que l’on roule pour une endurance de 1000 km.
On enchaîne la matinée et je me retrouve seul en aucun moment je pense à une place éventuelle. Le paysage est magnifique dans le pays basque espagnol, je m’arrête chez l’habitant deux trois fois prendre de l’eau et vers 11h je profite même de m’arrêter au bord d’une rivière pour me rafraîchir la tête . Le temps de me remettre en selle un petit groupe de trois cyclistes me rattrape je partagerai les kilomètres suivant avec eux avant d’arriver à st jean pied de port là ou le géant col d arnosteguy nous attend, je me rappel l’avoir grimpé un hiver il y a deux ans j’avais souffert à cause de la pente beaucoup trop raide…je monte sans me presser et je découvre les premiers cyclistes en difficulté face à la pente abrupte du 15 a 18 % sans aucun doute ..j’ai chaud et je sent que mon corps à besoin d’une petite pause, pas question de m’arrêter en pleine montée . Je décide d’attendre et au pied du col d iraty je reconnais l’endroit un petit gîte en contre bas avant la montée. Il est fermé à ce jour là et derrière il y a une table , je range mes affaires, un appel rapide et rassurant à ma femme tout en mangeant un de mes sandwich préparé la veille .Ensuite je cherche un robinet à l’arrière je tombe sur une piscine je ne reflechi même pas il n’y a personne aux alentours je me rafraîchi entièrement et je trouve même ce fameux robinet ! Je rappel ma femme et je lui demande de me faire sonner dans 15 minutes précise et je test ma première micro sieste. Je m’endors direct sur la table extérieure du gîte, le téléphone sonne et la première sieste me fais du bien . j’attaque le dernier col très long de la journée, sur la route toujours le désastre, des cycliste sous les arbres qui se reposent même Bertrand un leader que je croise avec un mot de sympathie malheureusement il a des crampes et doit patienter..à se moment je me dit à quand mon tour…? Il faudra attendre 18h avant que je me trouve vraiment mal , j’ai mal à la tête et au ventre je m’allonge a côté d’un rocher à l’ombre mais pas le temps de fermer les yeux je me lève tien mon vélo et vomi tout ce que je n’ai pas dans le ventre c’est a dire que de l’eau.. ce n’est vraiment pas agréable mais je m’efforce de penser positif et me rassurer c’est de l’ultra dans peu de temps sa ira mieux et heureusement cela m’a même fais du bien je continu ma progression dans un décor magique jusqu’au chalets d’iraty que j’atteins vers 19h30.
CP1
L’organisation est là, ils sont adorable toujours aux petits soins pour les concurrents je remarque une quinzaine de vélo à peine je sors ma carte bikingman pour être pointer et je rentre dans la salle un bref instant certains dorment d’autres mangent je ne veux pas rester j’ai besoin d’être seul faire le point on s’étonne même que je reparte dans la foulée on me lâche un » tu repars déjà »
Je souri car je sais que j’ai à manger dans ma sacoche de selle et attaque la descente du col de baguargui. J’arrive au village de larrau mon timing est parfait . Je me pose tranquillement sur un banc à côté d’un robinet, je mange et bois car j’ai l’intention de basculer en Espagne en forme pour ma première nuit seul et je sais que je laisse déjà quelques concurrents derrière moi. A cet instant un cycliste redécent le col de larrau , silhouette affûté je distingue un performer alors je m’étonne et j’apprends de sa bouche qu’il était avec les leader clément et laurianne et qu’il a eu une défaillance ses mots sont clair il veut rentrer chez lui..je compatis avec sa souffrance mais ça me donne un effet ultra positif car moi je vais plutôt bien ! La pression monte d’un cran, je me positionne en compétiteur à cet instant. Je vois passer 3 ou 4 cyclistes tout au plus qui attaquent la montée la nuit tombante. ni une ni deux je range mes affaires méthodiquement choisi les meilleurs vêtements car je vais au moins grimper 2h port de larrau il est 21h je met pour la première fois la musique sur mes oreilles pour me donner de l’élan et j’attaque ce géant que je connais bien , je reste en danseuse avec un rythme qui me plaît je distingue quelques lumière a l’arrière dans le col personne ne me reprendra dans cette ascension. A ce moment là c’est un instant magique, la température est bonne et les sensations sont là !
Vers 23h je bascule en Espagne toujours seul et je sais que en bas il y aura au moins 30 km à faire en faut plat montant pour aller chercher la pierre saint martin et rentrer en France , pendant cette route je distingue au loin des éclairs dans les nuages et je me dit que tout ne pouvais pas être parfait ce soir là. J’attaque la montée de la pierre pas très rassuré de ce que je vais découvrir la haut ! Je vois au loin une lumière rouge , un concurrent qui m’attends qui lui est bien plus inquiet que moi , on décide de monter tous les deux je le rassure car je pense que ce sont des orages de chaleur . Sa devient sacrément menaçant mais je sais qu’en haut je trouverai cette fameuse venta espagnole qui nous servira de refuge pour faire une pause sommeil il est 2h du matin . On s’installe à l’abri chacun dans notre bivi de survie, je mets le réveil de compétition une heure plus tard ! Je veux absolument essayer et voir si mon corps accepte. Mon concurrent lui n’ose pas c’est trop juste une heure pour lui .je repartirai seul dans le noir à 3h30 du matin, au bout de quelques km une surprise m’attends il y a un troupeau de moutons qui bloque la route avec deux gros patous qui me grogne dessus, l’avantage c’est que mon cerveau est endormi je ne comprends pas trop ce qu’il se passe je ne ressent pas la peur mais en tout cas c’est sur il ne me laisserons pas passer je me dit à cet instant que je ne me suis pas réveillé pour perdre mon temps ici ! je vais donc porter mon vélo et faire le tour du troupeau en mode randonnée j’avoue que mes chaussures de route s’en seraient bien passées. Au moment où je sort de ce chantier j’entends un bruit de frein plutôt violent, un cycliste n’arrive pas à s’arrêter sur cette route trempé et traverse à fond le troupeau j’ai bien cru que les patous aller lui sauter dessus mais heureusement il s’en sort indemne.
J’attaque la descente je suis avance sur mon planning je ne m’arrêterai pas à arette il est trop tôt mais plutôt à arudy au km 380.
Le jour se lève je déjeune , charge en nourriture pour la journée toujours la même stratégie pour ne pas s’arrêter le midi et tracer ma route . En chemin je reçois des messages on me dit toujours dans les 10 premiers et qu’il y a un concurrent nommé Patrick dans les parages jamais loin de moi . Ce Patrick serais un spécialiste de la discipline et surtout le médecin de ma belle famille du coup c’est vraiment une anecdote sympa et il faut que je le rencontre on arrive à Bruges et la me double un homme dans son style personnel un peu debraillé mais au pedalage fluide et imposant ! On échange des mots sympathique je me présente on rigole c’est le fameux Patrick .on ira jusqu’au col de spandelle en pleine discussion déjà amicale , je monterai seul lui derrière et il me reprendra dans la décente pleine balle peur de rien le Patrick. On arrive a Argelès il est midi toute la place principale est remplie pour le marché, je perds Patrick et je sais que la journée va être longue je décide de m’arrêter a la sortie de la ville a une boulangerie 2 wrap poulet un coca et un pierrier illicopresto je repars dans ce beau décor pour aller chercher le virage principal en Ariège vers 16h je pique du nez énorme coup de barre je m’endors sur le vélo c’est la première fois, je décide de ne prendre aucun risque je me gare sur un pti parking en herbe et la surprise je découvre Patrick déjà allongé à côté de son vélo comateux il me salu de la main je met le réveil 10 mn m’endors et me réveil c’est génial je n’ai plus le coup de pompe et je repars avant Patrick il y a du lourd a venir , la stratégie est bonne je vais enchainer le trio de gros cols fin d’aprèm quand la chaleur s’estompe Port de balès tout seul et Peyresourde dans la nuit avec patrick. Puis viens le premier moment de panique je n’ai plus de lumière avant je me rend compte que rien a charger …je m’excite m’énerve sur les appareils rien ne marche..je décide de monter dans la nuit et faire le point au
cp2
il est 2h00 du matin je suis enfin au Cp2 à ste marie de campan au pied du géant des Pyrénées le col du Tourmalet, je retrouve la chaleur humaine des organisateurs les race angels !
A ce moment je ne me sens pas bien c’est le bazard dans mes affaires, j’ai froid de fatigue et mes lumières ne charge pas un rien m’énerve… Je rentre au gîte au chaud et je profite d’une bonne assiette de pâtes pour me reconcentrer et réfléchir correctement. J’essaie un autre câble usb pour recharger et la bingo sa fonctionne quel soulagement ! Je m’allonge sur un matelas proposé par l’organisation à côté de Patrick et lui annonce que je ne fais qu’une heure de sommeil je tombe de fatigue , il ne me réponds pas je crois qu’il dors déjà…à peine les yeux fermés le réveil sonne , sensation incroyable j’ai tellement dormi profondément que je me sent carrément bien ! Je prends mes affaires m’habille chaudement et attaque la montée du tourmalet il est 3h30. Au bout de 10 mn je jète déjà mes affaires contre le froid dans ma sacoche car je bouillonne de chaleur. Arrivé au sommet après 2h de montée j’aperçois une lumière non loin derrière persuadé de voir Patrick revenir sur moi mais ce n’est pas lui c’est Charles Dullain qui finira 3ème de l’épreuve et il m’apprend que Patrick a oublier de charger ses lumières pendant le repos .
Nous faisons la descente tous les deux et Charles s’arrêtera déjeuner à luz st sauveur je repasse devant pour la dernière journée et j’ai clairement en tête de terminer dans la nuit prochaine pour conforter une place dans les 10 premiers.
Le jour se lève c’est une sensation très agréable je me dirige en direction du col du soulor aubisque et au pied de ce géant Charles me redouble toujours dans son style impeccable je n’essaie même pas de m’accrocher, dans l’ascension je croiserais pas mal de cyclistes qui auront toujours un mot de sympathie envers moi !
Même avec une heure de sommeil je me sens étrangement bien je suis motivé par le résultat qui se rapproche. Je fais souvent le point sur ma nourriture un gros enchaînement se profil col de marie blanque et ichere labays 4h de montée que je passe dans ma bulle petit rythme je suis actuellement 7ème de la course. A la sortie de labays je recois un texto de ma femme qui dit » tu as doublé les deux » et sur le coup je ne comprends pas trop je n’ai croisé personne pourtant. j’attaque la décente magnifique de la pierre saint martin et en bas je croise un motard surexcité qui me fait des grands signes je reconnais un client de mon travail qui me suis de pres sur le tracking il est venu m’encourager et m’annonce que je suis bien 5ème je n’y crois pas mes deux concurrents direct se sont arrêtés de fatigue dans l’après-midi et je ne les ai même pas vu !
Un regain d’énergie s’empare de moi je suis comme transcendé à ce moment de la course , je décide de creuser l’écart pour que leur rêve de revenir sur moi devienne impossible, je suis dans la plaine d’Arette que je connais bien je roule comme à la maison vitesse accélérée, j’enchaîne les deux cols costauds ahusky et gamia au train comme je sais le faire mais avec un vélo de 14 kg et après 2h d’efforts j’ai 10 km d’avance sur mes deux poursuivants et j’enclenche le mode gestion jusqu’à 100 km de l’arrivée où la mentalement tout bascule . Fatigué et pressé d’arrivée je m’emballe j’étais persuadé d’arriver avant minuit et je me rend compte qu’il faut encore avaler 2000 m de d+ c’est interminable au plus profond du pays basque mentalement je lutte c’est les montagnes russes sur la route je compte km par km. j’avale tout ce qu’il me reste en nourriture et les km ne diminue pas j’ai une heure d’avance sur Patrick qui est revenu 6ème mais je psychote je me retourne tout le temps comme si il était derrière moi je regarde mon graphique sur le GPS c’est interminable..et la à 30 km de l’arrivée je vois une pointe monstrueuse sur le graphique je me rend compte que on se rapproche du pas de Roland…du fameux mur d’artzamendy appelé communément l’enfer basque par les locaux je m’enfonce mentalement car mon esprit lui est déjà à l’arrivée .
Deux solutions s’effondrer et perdre beaucoup de temps ou le dominer cet artzamendi pour en finir au plus vite ! Dedans en 34×34 je me flingue les jambes mais rien y fais je pose pied a terre les derniers 50 m c’est au moins du 20%… l’ambiance est froide et bizarre à cet endroit je me retourne toujours dans ma psychose comme si le peloton était à mes trousses. Je sors de ce merdier et je roule tranquille jusqu’à l’arrivée la délivrance je suis tellement au bout de moi même que je ne me rends compte de rien ,les race angels sont là pour m’accueillir cette famille chaleureuse ..je m’assois enlève mes chaussures je viens de rouler 23h non stop depuis le cp2 sans une seule pause sommeil, je fais un rapide bilan dans ma tête..1000 km 23000m de dénivelé 2h de sommeil je suis à la 5ème place quelle performance je viens de réaliser et pour une fois je suis fier de moi eternel insatisfait de naissance..une question me vient.
Mais où vais je m’arrêter dans l’ultra distance ? (ça c’est Fastclub!)
Aujourd’hui je n’ai toujours pas la réponse !
Je glisse quelques lignes après une relecture quelques jours plus tard pour constater que le plus dur n’est pas forcément ces trois jours de courses intense mais bien les deux semaines qu’il m’a fallu de récupération pour effacer les séquelles de la course et retrouver un corps normal et énergique…mais l’envie d’y retourner n’a pas pris une ride 😉
Merci à ma famille, mes amis et tous les gens qui m’entourent et m’apportent du positif au quotidien pour me sentir en pleine forme sur ce genre d’épreuves.
Rendez-vous pour de prochaines aventures et merci à vous d’avoir pris le temps de me lire .
Le strava de Florent : https://www.strava.com/activities/7773774631
Le suivre sur Instagram : https://www.instagram.com/florent_gendron/