Le Bikingman Corsica de Caro

Trois mois déjà et comme un lointain souvenir, un challenge réussi, mon challenge, mon premier Bikingman Corsica 2024 du 26 au 31 mai 2024.

Que de chemins parcourus, 12 mois en arrière, l’idée me titille, j’hésite, est-ce bien raisonnable… non c’est fou ce truc et puis banco je m’inscris et là le mental est à 100 %. Que de soirées, de kilomètres parcourus, de questionnement sur le matériel, que de motivation au fil des jours pour tenir le cap.

Le grand jour le 26 mai 2024, je pars dans la vague des 5 jours (peut-être un peu moins !) sereine et confiante sans aucune crainte. Les premiers 100 kilomètres se font à bonne allure mais déjà un coup de chaud et je m’arrête et vois passer Michel. Saint-Florent 18h je suis dans mes temps tout va bien, la nuit arrive la sensation est étrange mais bonne. J’ai peu roulé de nuit, 35km seulement, j’aperçois parfois d’autres feux rouges dans le désert des Agriates. Minuit environ on a réservé un Airbnb à Speloncato, je suis épuisée et Michel monte mon vélo par les escaliers. Il a aussi prévu de s’arrêter. J’aurais dû manger avant, après repas douche et lessive et oui … ! On se couche vers 2h lever 4h départ 5h pour le lever du soleil sur le col de Bataille sublime et raide. Mais en fait sur tous les très gros pourcentages je pousse le vélo sans regret. Arrivée au CP1 en haut du col je pointe à 19h35 de course j’ai parcouru 219 km 3800 m de dénivelé, je me couvre sur les conseils d’Amélie et j’aborde la descente.

(Michel) Je me suis trompée en descente en plus, et j’ai manqué d’eau

@Michel arrête d’écrire Caro te rattrape @Roule roule Michel et remplis ta gourde

(Whatapps – Fastclub)

A Ponte-Leccia, je prends un petit déjeuner à la boulangerie puis j’aborde le col de Verde on se croise avec Joanie la Canadienne. Et là en plein cagnard, le Piane di Verghe, je pousse sur cette route défoncée et abandonnée même des Corses, et… abrité sous un rocher Michel est là, qui souffle… et qui ne me quittera plus ou presque…

(Michel) Mes pneus de 28 passent mal en montée, sur cette route défoncée, je patine, je n’avance pas, je ne tiendrai pas mon objectif, et si je profitais avec Caroline… !!??, après tout, je laisse passer les coureurs, mais où est-elle ?? Je t’attends…

Puis les gorges de Spelonca magnifique descente vers Porto, crêpes avant d’aborder les calanques de Piana. Je connais bien les calanques, je me régale, et je fatigue aussi…

Si j’ai bien compris vous faites un Bikingman Gastronomique en amoureux !!

(Whatapps – Fastclub)

Mais le CP2 est trop loin et j’ai 80 km de retard sur mes prévisions. Michel a déjà trouvé un hôtel à Cargèse et tant mieux, Joanie, les marshalls nous rejoignent. Petit repas de lentilles ça fera ça de moins à porter… bonne nuit et départ tôt le matin mardi vers 4h.

Arrivée au CP2 Michel est déjà là devant son plat de pâtes, j’arrive à Véro en 47h52 ce mardi j’ai parcouru 469km et 10 100m de dénivelé.

On enchaîne par le col de Scalela, on se retrouve à Bastelica, pause avec grosse omelette plateau de charcuterie corse, avec d’autres concurrents l’ambiance est bonne.

Allez les touristes, on aime bien vos vacances mais il va falloir pédaler un peu !
(moi) »Mais non Max, réconfort avant de réattaquer,Bon moi hier, j’avais mal à gauche, après à droite, bon c’est équilibré je sens plus rien Bon en fait c’est un monstre ce tracé »
(PHOTO DE Michel devant l’omelette) Perplexe le type, @Caroline si tu ne sens plus rien c’est que tu es sur la bonne voie !!
Elle aime bien se plaindre ! Et Michel manger !!

(Whatapps – Fastclub)

Descente vers le lac de Tola quelques photos et je repars, il est environ 20h ça commence à être dur je n’ai plus envie de rouler plutôt envie de m’arrêter mais non c’est ça le Bikingman, me dis-je, je crois que je suis face au mur et c’est sans compter sur Michel qui a déjà trouvé une chambre, il est 21h. Ouf tant mieux et en même temps en voyant passer Joanie le doute s’immisce… douche lessive et au lit à 21h mais Michel veut mettre le réveil à 3h30, l’horreur !! pas question c’est pas du cyclotourisme lui dit-je, c’est LE Bikingman… !?? j’ai du mal à m’endormir il va me faire rater ma course, je gamberge, je m’assoupis un peu et puis déterminée je me lève, …il se lèvera comme moi et à 2h on repart pour l’ascension du col Saint- Georges. Là s’ensuivent plusieurs heures de nuit où le feu rouge de Michel me rassurera largement, car mon GPS s’éteint tout le temps… Au petit jour, petit arrêt naturel, puis de nouveau arrêt 30 minutes plus tard, là mes sphincters auront le dessus sur l’impatience de Michel et merde alors…Je suis solo, tu es solo non !!

(Michel) Oh la chieuse…

S’enchainent les kms, le col de Saint-Eustache, Zonza, gros coup de barre j’avertis Michel, j’ai besoin d’une sieste. Le vélo jeté je me jette par terre en boule pour 20‘ de sieste, Michel s’impatiente encore, moi je mange , je me ressource, je lui rappelle qu’on est en solo ! alors !

(Michel) Moi je regarde les autres passer, on est bons derniers maintenant c’est sûr …

La descente en passant par le barrage de l’Ospédale je la connais bien et dans les deux sens elle est magnifique on se trompe un peu avant Sainte-Lucie mais la route nous amène jusqu’à Solenzara magnifique plage. Là nous attend le cameraman, long café et interview, je ne sais pas encore que finalement ma doudoune me sera utile… je ne remercierai jamais assez les Marshall, Cédric, le photographe qui vivent notre course et nous la ferons revivre à travers leurs interviews et sans qui mon Bikingman n’aurait pas la même saveur. Sourire, plaisanter, partager et relativiser nos expériences devant la caméra compense les moments de solitude.

Vous vous êtes vraiment peinards !!
Les stars de Youtube GOOOOOOOOO

(Whatapps – Fastclub)

Le plus long monologue de toute mon aventure m’attend dans la montée vers les aiguilles de Bavella,le plus long col en zigzag, une horreur j’ai l’impression de m’être trompée de route, pourquoi ça monte, ça redescent et ça remonte, mais où suis-je… où sont les autres, seule, un peu de pluie sur la route, de longs virages, de très gros pourcentages, 19 kg à pousser même le stop n’a pas marché…interminables aiguilles, je ne les ai même pas prises en photo, elles ne le méritent pas, elles me sortent par les yeux, …

(Michel) C’est un chantier ce col, c’est plat à 9%, Je l’ai laissé galéré, je me rachéte le restau a l’air top, en l’attendant je bois une petite pietra…

Heureusement par SMS Michel me confirme qu’il m’attend à l’hôtel restaurant à Zonza. Je fouille à droite de ma sacoche avant, je trouve ma doudoune, merde je voulais mon blouson jaune imperméable pour la descente glaciale, tant pis, je ne retrouve plus rien, .. je commence la descente, bizarre, ma sacoche arrière a un gros trou à force de frotter sur la roue… je réajuste…quelle merde…

J’arrive enfin à l’hotel, où m’attendent Michel, et un bon repas Corse… Pour le lendemain je me déleste de quelques barres, quelques crèmes d’arnica, de chamois pas entamées, mes fesses sont parfaites.

Dès 4h nous voilà repartis, heureusement juste à temps, au CP3 je pointe à 92 heures 18 à Zicavo juste avant la fermeture du CP3. On est presque derniers, raclant les fonds de pâte, là non plus, plus de café pour nous. On reprend la route vers l’ascension du col de Verde, on est jeudi il me reste 222 kms.


@saletzki michel veut prendre de l’avance sur la Pietra sur @Caroline Son côté mâle a pris le dessus, il l’a abandonné aux sangliers !! @Caroline laisse le il s’enflamme, on sait tous que tu vas le doubler à la fin,C’est certain Il reste combien de km ? Tu as le même lien que nous regarde, Michel km 925,Caro km 900 @Caroline Michel t’as abandonné mais pas nous ! Force !!!! C’est bien @Caroline …tu vas le faire, c’est top …

(Whatapps – Fastclub)

En chemin je plaisante avec Cédric sur la moto, « vais-je arriver ce soir je ne sais pas, après tout ce qui compte, ce n’est pas l’arrivée mais le plaisir du chemin… » comme d’hab Michel est devant je ne le reverrai jamais… Moi je traîne je fais ma sieste sur un banc il fait chaud.

(Michel) Parti du CP3, je me sens en forme, j’appuie sur les pédales, il ne me reste plus que la distance Ironman, .. !!??, je pars pour mon contre la montre, je me fais plaisir, bonne sensation, confiance, pas de fatigue, je démarre ma course aujourd’hui… je remonte des concurrents, mais je dois manger, je le sens, … une boulangerie à Aléria, génial, je l’indique à Caroline, et là, déjà Max sur Fastclub a noté

Michel qu’est-ce que tu fous, remonte sur ton vélo et pédale…

(Whatapps – Fastclub)

A Aléria grosse pause crêpes café, je pense à mon GPS qui s’éteint la nuit, j’imagine Max qui s’énerve, Max m’avait bien dit qu’il fallait connaitre son GPS par cœur, …je contacte Clément, une crêpe engloutie et la vidéo de Clément me redonne la clé et confiance en la nuit. Par SMS, je sais maintenant que Michel fait cavalier seul, il m’indique la boulangerie. J’ai eu beau insister, la vendeuse ne voulait pas me vendre une demi baguette, je paye une baguette coupée en deux, j’en donne une demi au client suivant médusé, j’achète deux bananes, un client me montre ma sacoche qui frotte encore, je réajuste et je repars, je me sens libérée, Michel fait sa course et moi cool j’ai encore 20h devant moi aucune inquiétude. Pour le dernier col pas de problème je passerai c’est sûr je pousserai c’est pas un problème !!

Arrête toi merde Attends ta femme !!??? …
C’est pour être le premier à la douche… De toute façon il sera félicité que quand @Caroline sera arrivée… Je pense qu’il essai d’avoir le bidon d’or de la trahison ou du traitre de l‘année… Putain d’ancien triathléte… Me parle pas… On est tous derriére @Caroline en tout CAs !!

(Whatapps – Fastclub)

(Michel) J’arrive en 106h, heureux et en forme, en ayant remonté 20 concurrents, maintenant j’attends Caroline, …, mais qu’est ce qu’elle fout !! ??

Avant la montée j’encourage un duo de deux jeunes qui veulent abandonner « allez, vous y êtes presque » Ah ma lampe avant ne marche plus, tiens bizarre, dois-je faire qu’avec ma frontale, je verrai plus loin, ??… en fait je branche ma powerbank en continu et ça remarche, il vaut mieux pour moi car nuit noire dans la montée de la dernière grosse difficulté le col de Saint-Agostino j’avance seule avec le bruit des animaux les chevaux peut-être, je mets la musique du concert de NONUKE, Jackson Brown à fond et en boucle. Dans toutes les portions rouge du GPS, je pousse, le reste, je remonte. Je sais maintenant j’arrive bientôt !!II est plus de 23h là-haut, je me couvre et amorce la descente prudemment. J’avais sous-estimé la fin car là je comprends, que jusqu’au bout ce ne sera pas gagné !! Ma tête ne tient plus, mes cervicales ont lâché, dur alors sur le plat de rouler quand on ne peut pas regarder devant. En pleine ville, un peu perdue, je me fais doubler à fond par le duo comme si je n’existais pas, …, le doute s’installe, c’était eux ?? font-ils partis de la course ?? et si je suivais n’importe quel coureur là dans la nuit ?? grand moment d’incompréhension, …, puis encore un autre me double encore à fond… bon, là j’ai compris, encore un con-current…

Je rentre dans un camping mais là ce n’est pas le bon, des mecs proposent de me ramener en camion… non merci je file … !!!

Ca y est là je reconnais la route je ne peux plus me tromper je franchis la ligne d’arrivée à 2h18 ce vendredi 31 mai après 111h de voyage, j’ai la pêche, je ne reconnaît ni ma voix ni ma tête, je suis déjà là !! J’avais rêvé de ce moment j’y suis, aucune euphorie, je suis contente c’est tout, bah oui je l’ai fait, qui en doutait, pas moi !!

Merci à Christophe et Véro qui se sont relevés pour moi, Michel qui a déjà eu le temps de se doucher. Encore une fois Cédric est là, il me l’avait promis, « je serai là à ton arrivée » m’avait-il dit, quel baume au cœur, quelle émotion aussi de le retrouver lui et ses interviews et qui ne perdra rien de mes commentaires, même à l’arrivée… !!

L’aventure Bikingman, c’est vous Fastclub, Max, Émilie et les autres qui avaient cru en moi tout au long de ma préparation et pendant la course,

(Michel) Bravooooooo Magnifique cette Caro Yess le couple de l’année !!! Félicitations

L’aventure Bikingman, c’est moi, parce que mon mental y a toujours cru pendant l’épreuve, avec les meilleures conditions météo et le meilleur vélo,

L’aventure Bikingman, c’est Cédric, David, les marchalls qui ont été là pour moi la lanterne rouge, qui surgissaient derrière moi devant moi, et sans eux, j’étais perdue seule. Avec eux, j’étais dans l’aventure retracée en plus quotidiennement, c’était génial tout simplement ! Et la photo du finish, le lendemain, avec Rémi le 1er, finalement le même teeshirt, la même médaille mais deux fois plus de souvenirs.

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