Retour sur la Race Across France 2500 km que Florent s’est lancé en défi pour cette année, voici sa course vue de l’interrieur ! Merci Florent pour ce partage.
Une première aventure avant l’aventure traverser la France en train avec mon vélo dans un bagage pour prendre le départ jeudi soir de Lille à 21h13 et s’en suit une première nuit sans dormir pour parcourir 250 km et rejoindre la première base de vie au levé du jour à lisy sur ourcq où les bénévoles avaient préparé des crêpes délicieuses . Un brin de toilette , je rempli mes gourdes et repars dans l’instant.
Jour 1
Je décide de rouler jusqu’à que le sommeil m’emporte malgré la pluie qui ne nous lâchera pas ce jour là ! Vers midi je m’endors sur le vélo et je décide de faire une bonne sieste à l’abri sous un marché couvert .
Je me rappel d’une anecdote où le long d’un canal on parcours 20 km sur une piste cyclable type gravel où j’ai du croiser une dizaine de concurrents malheureux en train de réparer des crevaisons ! Je remercie à ce moment mon poids plume et mes pneus neuf Michelin endurance.
L’après midi s’en suit entre averses et éclaircies j’arrive à rejoindre la base de vie de guegnon vers 1h du matin . Bilan j’ai parcouru 620 km en un peu plus de 24h grâce au faible dénivelé…c’est juste incroyable…
Je profite d’une bonne douche chaude ! J’avais prévu dans mes sacoches serviette et gel douche..je jète un œil au dortoir, sa ronfle sa bouge je ne me sent pas de dormir ici alors je trouve une table de massage à l’écart où je dormirai 2h avant de repartir dans la nuit profonde.
Jour 2
Je tombe de fatigue vers 6h du matin et je m’arrête dormir 1h au chaud dans une laverie d’un petit village avant de prendre un bon petit déjeuner en boulangerie.
Ce matin là je commence déjà à sentir des petites douleurs au genoux gauche avant d’attaquer les monts d’Auvergne et je commence à m’inquiéter. Début d’après midi je croise un amis coureur qui me propose un doliprane et par chance la douleur s’envole je peux enchaîner les cols du massif central sans encombre avec de très beaux souvenir en tête dont la montée du puy mari avec des conditions compliquées à la tombée de la nuit. J’avais dans le viseur la ville d’Aurillac pour dormir mais je ne m’attendais pas à trouver une ville qui ne m’inspire pas confiance je perds du temps à chercher un abri pour finalement dormir dans un hall d’immeuble de 2h à 5h du matin.
Jour 3
La journée du dimanche est très compliquée pour moi , le matin se passe plutôt bien mais nous avons 2 grosses côtes longues à 20% que je passe en force à st cirq la paupille alors que j’aurais sûrement du marcher pour soulager mes genoux..
C’est dans l’après-midi du dimanche que commence mon enfer la douleur au genou gauche s’intensifie et je n’avance plus je rentre dans une psychose je me dit qu’il me faut un anti-inflammatoire je m’arrête même chez un particulier adorable qui prendra soin de moi avec une médecine chinoise mais il me fais comprendre que sa ne soulagera pas mon genoux et qu’il me faut du repos. Je n’aurai parcouru que 240 km ce jour là à l’arrachée..Je décide donc de me traîner jusqu’à Agen pour prendre une décision. je mange un bon repas le soir et prends un hôtel en croisant les doigts que mon genoux aille mieux le lendemain car j’ai prévu de rejoindre Anglet.
Je fais une grosse nuit 23h 5h
Jour 4
Lundi au réveil ma principale pensée comment va mon genoux ? Ai je encore mal ? Quand je repars c’est la grosse désillusion j’ai toujours mal au genou impossible de me mettre en danseuse et soulager mon fessier qui commence sérieusement à me faire mal..je sombre moralement..m’arrête pose le vélo contre un panneau et appel ma famille en pleure..je suis impuissant j’ai peur de l’abandon…toute cette préparation..tout ce stress pour que je sois à 100%…les concurrents passent un à un avec la même question…ça va ? Je réponds non les larmes sur le visage …je dois absolument me ressaisir et je me questionne Ok j’ai de l’avance dans le timing ok je peux pédaler assis au moins je peux avancer je décide coûte que coûte de rouler km après km intelligemment je mange bien et je m’hydrate beaucoup ! Je réfléchi aussi sur le fait que en Auvergne avec la pluie je n’ai vraiment pas assez bu ! je me pose mille questions et reprends les basiques..la journée passe je ne tire pas sur mon genoux mais je me fusille le fessier.. j’avance quand même jusqu’à Anglet où les amis m’attendent car j’ai besoin d’un regain d’énergie ! Petit soleil après la pluie je me rend compte en fin de journée que j’arrive à me lever sur mon vélo 1 .2..3.4 coups de pédale en danseuse je compte dans ma tête et je me raçoit c’est une lueur d’espoir !
A anglet c’est lephervecence le 1000km doit prendre le départ, les amis sont là un journaliste m’attends un tel réconfort..ce soir là au WC je croise un participant du 1000km qui s’apprête à partir on discute de ma douleur il est kine et me propose de me prendre en mains j’aimerais tellement le retrouver pour le remercier ! Il me fais des points de compréhension sur ma douleur pendant plusieurs minutes..je décide de ne pas dormir dans le dortoir et je me couche a 23h dans mon sac de couchage sur le stade d’athlétisme car il fais 18degres dehors cette nuit la…
Jour 5
je repart à 3h du matin pour une grosse journée qui m’attends dans mes pyrénées que je connais par cœur en croissant les doigts que la douleur est diminuée..les premiers tours de roues sont positifs et me redonne de l’espoir je sent une douleur présente mais qui est beaucoup plus acceptable au pedalage.
Au cours de la journée j’enchaîne les trois gros cols mais je décide de m’arrêter sur argeles vers 20h car a cet instant je n’ose pas enchaîner le Tourmalet de peur de trop fatiguer mes genoux..j’aurais su j’aurai du…
Je dors à l’abri et reppart à 4h du matin
Jour 6
Tourmalet au réveil, je suis clairement déchiré…je m’endors et n’avance pas un c’est un calvaire de trouver une position sur ma selle je me traine dans ce col que je connais par cœur je me sent si honteux . J’arriverai à Bagnères chez Octave pour 9h une base de vie exceptionnelle ! Un plat de pâtes un coca et c’est reparti , mais j’ai toujours de grosses douleurs de selle je suis clairement la peau à vif, des concurrents parlent de gros pansements qui permettraient d’être soulagé alors je rentre dans deux pharmacies mais je ne trouve rien finalement je repartirai avec un gros paquet de lingettes bébé et j’en glisserai quelques une dans mon cuissard pour soulager tout ça..sur cette transition je garde un magnifique souvenir de la traversée de la grotte du mas d’azil en Ariège. 230km plus tard à minuit j’attendrai Carcassonne pour dormir 4h dans un bon lit et j’en profite pour soigner correctement mon fessier.
Jour 7
Objectif du matin rallier la base de vie de Pezenas . Le réveil sonne à 4h30 ce matin là après un bon petit déjeuner je me sent vraiment bien les jambes répondent parfaitement je profite de ces sensations pour me faire vraiment plaisir, cette matinée que je pensais sans intérêt se transformera en un plaisir intense , je découvre les hauteurs du minervois paysage magnifique les températures sont ideales et j’atteins pezenas pour 11h30.
La base de vie est plutôt sympa et à mon arrivée je fais un gros repas et prends une bonne douche , mon drop bag m’attends je récupère ma batterie de charge et un maillot propre . Je ne perds pas de temps car l’après midi qui m’attends va être longue j’espère arriver au pied du ventoux dans la nuit . Cet après-midi là je ressent vraiment la chaleur du sud est , je m’hydrate beaucoup. Je rencontre un groupe de concurrents sympathique je finirai la journée avec eux . J’arrive vers 23h dans une petite ville au pied du mont ventoux où je retrouve mon père lui aussi passionné de vélo .On avait prévu de gravir le géant de Provence tous les deux car pour lui se sera sa première fois.
Jour 8
Je décide d’attaquer le mont Ventoux après avoir dormi 4h dans un bon lit comme si le Tourmalet au réveil ne m’avait pas servi de leçon….encore une fois le départ devient très compliqué impossible de m’asseoir sur ma selle je me suis beaucoup trop refroidi j’ai énormément de mal à me remettre en route même accompagné moralement de mon père je m’enfonce mentalement mais heureusement le levé de soleil me procure un regain d’énergie il se passe quelque chose de fort dans ma tête impossible pour moi de m’effondrer à la montagne dans ce col mythique j’aime grimper c’est l’endroit où je me sent le mieux …c’est lui ou moi ! Et finalement se sera moi j’aurai le dessus sur lui pendant 2h la magie de l’ultra distance quand le mental prends le dessus je vol littéralement sur le géant de provence j’attendrai mon père quelques minutes en haut pour parcourir le dernier kilomètre en sa compagnie..un instant magique hors du temps , on l’a rêvé, on l’a fait !!
Malheureusement la réalité de la course reprend le dessus car s’en suit une très longue décente de 20km pour rejoindre la base de vie de Sault. Je paye mes efforts de la montée précédente je sent le danger je m’endors dans la décente et je laisse mon père filer devant, je chante, je crie pour rester éveillé je dois serrer les dents le ravitaillement n’est pas loin !
A la base de vie il est 10h je fais un bon repas , je dors 30 mn et surtout je fais le point sur ma trace ..suis-je capable de terminer la course cette nuit ? Reste 280 km à parcourir et 3500m de dénivelé positif c’est carrément possible avec tout ce que j’ai fait durant ces 7 jours précédents. Cette nuit je termine ..j’étais pas prêt à la chaleur qui m’attendait ..j’ai 40degres sur la route et je n’ai clairement jamais fais de vélo sous une telle chaleur mais j’ai décidé d’avancer.. je m’hydrate des que je peux ! Je me rappel regarder si mes pneus ne fondent pas sur la route…je sais dans un coin de ma tête que quand les températures vont baisser vers 19h se sera un pur plaisir. Sa ne rate pas dernier village avant les gorges du verdon il est 19h j’achète deux kebab que je charge dans ma sacoche arrière car je veux être dans les meilleures conditions cette nuit et ne jamais avoir faim. Les gorges du verdon un de mes plus beaux souvenir je suis sur un nuage une telle beauté et un couché de soleil incroyable ! J’en sors à 22h et je sais que les 70 derniers km d’une course ultra sont interminables je l’ai déjà vécu et je m’y suis préparé. Je fais un travail mental en imaginant que je n’arrive pas ce soir et que c’est encore une nuit parmis tant d’autres..ça fonctionne car j’avance sans me prendre la tête je savoure ces derniers instants et me remémore chaque jours passé sur mon vélo toutes les difficultés que j’ai du surmonter mais aussi tous ces merveilleux moments..j’atteins l’arrivée à Mandelieu vers 3h du matin c’est délivrance , je l’ai fait je termine cette raceaccrossfrance 2600 km 32000md+ en 8 jours.
En résumé Je suis vraiment heureux et soulagé d’avoir terminer cette course car j’ai tellement eu peur de l’abandon quand la douleur à mon genoux c’est déclarée que je me contente totalement de ce résultat final . Forcément je n’ai pas atteint mon objectif des 7 jours mais le résultat est anecdotique tellement j’ai vécu une aventure hors normes où le dépassement de soit est à chaque kilomètres parcouru ainsi que toutes les rencontres que j’ai pu faire entres concurrents et supporters
L’ultradistance une semaine magique pour le meilleur et pour le pire !
Vive le vélo….vive la vie….