Solstice Sprint par les frères Roissard

Retour à la course pour Nicolas

Julien est habitué des courses Ultra dont il prend le départ désormais 2 à 3 fois par an.

De mon côté c’est une autre histoire, depuis que j’ai fini la French Divide en 2019, je n’ai pas refais d’épreuves de ce type.

Seulement quelques périples et challenges en off avec les copains ont ponctué ma vie sportive alors perturbée par ma vie d’entrepreneur.

Mais l’envie de goûter à nouveau à un ultra mêlée au défi de rouler en paire ont fini par me convaincre de participer à la Solstice Sprint avec Julien.

Pourquoi  avoir choisi la Solstice Sprint ?

Le lieu, au départ d’Angleterre pour une boucle imposée à travers les paysages Gallois, de quoi bien se dépayser!

L’esprit de l’organisation, dont l’objectif est entre autres de limiter l’impact carbone de la course. Cela colle très bien avec notre envie de ne plus prendre l’avion.

Le prix attractif, il faut bien l’avouer, les inscriptions aux courses ne sont pas toujours abordables.

La « finisher party » qui est un repas de bienvenue organisé la veille du départ. C’est la garantie de pouvoir partager un moment avec tous les participants quelque soit l’issue de leur épreuve..

Le départ, enfin presque !

Le départ sera donné dans une heure et j’attends devant la porte d’un magasin de vélo situé à 5 km de la ligne.

Revenons une semaine en arrière lorsque je décide de changer mes cales pour résoudre une gêne au genou gauche. S’en suivent plusieurs sorties de réglages sans vraiment trouver de solution.

La veille du départ arrive et j’ai toujours une sensation bizarre à mon genou gauche. Sans grande conviction on se dit que ça doit venir des pédales.

La nuit portant conseil, le matin du départ je me met en quête de nouvelles pédales.

La porte du magasin s’ouvre et ils ont des pédales Look que je fini par installer moi-même sous l’oeil du vendeur…

Je ressort, enfourche mon vélo, clip les pédales et c’est la délivrance ! Mon niveau de confiance est démultiplié et me voilà en route pour le départ !

Arrivé surplace, plus trop le temps de discuter avec les copains du Fast Club, on fait 2 photos, mange un bout et on se prépare pour partir.

Let’s go !

C’est l’été, il fait enfin beau et chaud, mes nouvelles pédales sont formidables, il n’y a plus qu’à profiter !

Fidèle à notre tactique de course, qui consiste à rouler doucement mais quasiment sans arrêts, nous partons les réservoirs remplis à blocs. Nous avons de quoi tenir jusqu’à 20h00 sans problème, heure à laquelle nous devrions pas être loin d’un magasin pour se ravitailler.

La journée commence bien, on prend nos marques avec la conduite à gauche. Les paysages quadrillés par les haies, que les britanniques ont eu la bonne idée de conserver, perturbent un peu nos habitudes. L’impression de rouler le long d’un mur en permanence est étrange et souvent effrayante à cause des automobilistes trop souvent imprudents.

Les premières difficultés arrivent avec aussi en récompense les premiers points de vues surplombant les plaines et collines alentours.

Il fait bien chaud mais heureusement, les haies et leur végétation apportent un peu de fraîcheur. La fin de journée s’installe avec de belles couleurs chaudes, les 200 premiers kilomètres sont derrières nous et il va falloir penser à manger et faire le plein pour la nuit.

Le « dîner » prit à l’arrêt cette fois-ci nous permet de se reposer un peu et de faire le bilan de la journée qui est plutôt positif : pas de douleurs particulières, pas de fatigue excessive, bonnes sensations ! Tout ça est de bonne augure pour la nuit.

Direction le Pays-de-galles

La nuit s’installe petit à petit tant dis que l’on s’aventure sur de petites routes qui serpentent dans de jolies villages traditionnels presque médiévales.

On passe en mode nuit, éclairages allumés, vigilance accrue aux nids de poules dissimulés par l’obscurité. L’état des routes est parfois catastrophique rappelant à Julien ces kilomètres parcourus dans les Balkans lors de la Transcontinental 2023.

Le deuxième tiers de course nous emmène sur des routes avec beaucoup de dénivelé réparti sur de nombreuses petites montées. Le sommet de celles-ci ne culmine jamais à plus de 500 m au dessus du niveau de la mer.

Pour pouvoir attaquer cette section montagneuse dans les meilleures conditions, on décide de s’arrêter dormir sur le bord de la route à 2h00 du matin.

Notre kit de couchage est volontairement très restreint avec seulement une couverture de survie combinée à toutes nos affaires chaudes sur le dos.

Cette solution de couchage s’avérera être un point faible de notre stratégie compte tenu de la température avoisinant les 10°c la nuit. Au bout d’une petite heure de sommeil léger, le froid en provenance du sol enherbé nous pousse à repartir.

Il est 3h00 du matin, l’obscurité commence déjà à faiblir tout doucement, on se réchauffe rapidement en commençant avec une belle petite ascension.

Ici le soleil se lève à 4h30! L’attente du lever du jour souvent difficile pour de nombreux ultra cyclistes, ne sera pour une fois pas trop longue.

Cela ne m’empêchera pas d’avoir un coup de mou aux alentours de 5h00 du matin, sur une magnifique route en crête éclairée par le soleil levant.

Les montées sans épingles

Le premier arrêt station service de la journée arrive après avoir franchi le point culminant du parcours aux allures de grand col alpin.

Les moutons et chevaux en libertés nous aurons offert une belle distraction dans les pentes les plus raides.

Les descentes sont aussi vertigineuses que les montées, c’est à dire droit dans la pente.

A la descente, on ne lâche que très peu les freins tellement la prise de vitesse est effrayante.

A la montée, ce sont les mains qui restent littéralement accrochées au guidon avec le corps qui se démène comme il peut pour aider les jambes.

Ces montées extrêmes à répétition ont mis à mal mes lombaires pendant plusieurs heures. La magie du corps humain et l’approche du littoral ont fini par effacer cette douleur pour mon plus grand bonheur.

L’arrivée de la pluie

Prévu depuis plusieurs jours, l’épisode pluvieux annoncé pour la nuit prochaine évoque en nous l’idée de profiter du soleil de cette fin de journée pour faire une bonne sieste au chaud face à la mer.

Nous regretterons bientôt de ne pas avoir mis en application cette brillante idée.

Après un joli passage le long du littoral, le parcours nous emmène de nouveau dans les terres avec encore de belles montées qui nous attendent.

La plus emblématique est sans hésitation celle jusqu’au barrage Stwlan Dam qui offre les seules épingles du Pays de Galles.

Avant de s’attaquer à ce beau programme, on fait un dernier arrêt station service pour faire le plein pour la nuit. La météo s’agite, le vent se lève, le soleil a disparu et la pluie arrive.

Après plus de 30h00 d’effort, je sens qu’une sieste avant la nuit pourrait être bénéfique. Ça tombe bien, un bel abri bus nous tend les bras. Après 30 minutes de somnolence peu réparatrice, étant toujours titiller par le froid dans le dos, on repart désormais sous la pluie.

L’arrivée au barrage se fait juste avant la tombée de la nuit sous une belle petite pluie. Les montés et descentes qui s’en suivent sont toujours aussi raides. La pluie s’intensifie et je commence à me refroidir. On prend alors le temps de s’équiper avec tout ce que l’on a.

Après le froid, la fatigue fait son retour, je commence à toucher du bout du doigt l’épuisement…

La nuit interminable

On trouve un nouvel abri, pas très accueillant mais de toute façon nécessaire pour pouvoir continuer. C’est encore un échec, le froid qui glace le dos, on repart complètement refroidi et toujours sous la pluie.

La grande ville la plus au nord du tracé arrive enfin. Mon niveau d’épuisement est alors au plus haut, Julien encore en forme, me promet un café une fois que l’on aura fait le tour de la forteresse en bord de mer.

Démarre alors le tour de la forteresse sous de fortes rafales de vent. Heureusement la pluie a faibli un peu. Je suis au bout du rouleau, à deux doigt de m’arrêter. Mais la vu au loin du petit feu rouge de Julien me pousse à continuer.

De retour à la ville, promesse tenu par Julien, le café est là. Il me permettra de tenir 15 ou 20 minutes de plus, le temps de trouver un abri avec deux bancs!

Cette fois-ci, on arrive à dormir plutôt correctement grâce au banc qui nous isole du sol.

Le jour le plus long

Au moment de quitter nos jolis bancs, je demande à Julien combien il reste de kilomètres. Sa réponse : « Un peu plus de 300km » je lui demande alors quelle heure il est, « 3h30 on devrait arriver vers 22h00 » , ma réponse « Tu rigoles, on ne va pas mettre 20h pour faire 300 bornes! 18h ça doit le faire à 20 de moyenne », on verra bien qu’il me dit.

Chacun repart dans sa bulle, le jour arrive déjà doucement avec de longues lignes droites cette fois-ci bien plates. La pluie est finie!

Arrêt station service à 6h00 du matin, on repart pour de nouvelles petites routes en mode montagnes russes. Nouveau coup de mou, qui nous touche tous les deux cette fois-ci.

L’énergie fini par revenir en nous juste avant d’attaquer l’une des dernières grandes montées. Le soleil est de retour et la journée va être chaude.

Jusqu’ici en tête du classement de la catégorie paire, on se fait déposer par la paire mixte. Notre énorme dette de sommeil y est sûrement pour quelques chose même si ça n’explique sûrement pas tout.

La journée se déroule étonnamment bien jusqu’à ce que je soit frappé par un nouveau gros coup de fatigue en fin d’après-midi. On paye de nouveau notre mauvaise solution de couchage, pas le choix, nouvel arrêt pour faire une sieste de 20 minutes et boire un café.

Comme tous les jours, Julien gère tout, la navigation, la bouffe, les arrêts, j’ai juste à pédaler. Sa gestion est d’autant plus importante sur ces dernières heures où je suis complètement à bout.

Les derniers kilomètres

Les derniers kilomètres sont un condensé de l’ensemble du parcours à petite échelle. Plein de petites montées très raides et plein de descentes très raides.

Ce sont autant de changement de vitesses à chaque changement de pente qui ont fini par rompre mon câble de dérailleur arrière.

Depuis notre sieste, je fini par retrouver la « forme » et désormais plus rien ne va m’arrêter jusqu’à la fin. C’est aussi ça la magie de l’ultra, passer d’un extrême à l’autre en l’espace de quelques heures.

Plus aucune douleur, de bonnes jambes, c’est ce genre de moment qu’il faut arriver à faire perdurer le plus longtemps possible.

La nuit nous attrape de nouveau, raté pour l’arrivée à 18h00. Au moins on profite encore une fois de plus du magnifique couché de soleil. Un dernier arrêt pour s’habiller contre le froid, ça sera le dernier avant de foncer vers l’arrivée ! Et au final il est 23h30 !

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