Qu’est-ce que l’étape des assassins pour commencer ?
» Vous êtes des assassins » – Tour de France 1910. Le 21 juillet 1910, à 3h30 du matin, est donné le départ d’une étape qui va entrer dans l’Histoire du Tour de France comme l’une des plus difficiles jamais courue. »
Voici le compte rendu de Benoit, il a fait l’étape seul, en pignon fixe et sans frein…
4h00 du matin , top départ pour cette journée Pyrénéennes reliant Bagnères-de-Luchon à Bayonne , au programme 309 km et environ 6500m de dénivelé . Sur le papier l’étape se découpe en 2 parties , les 170 premier km avec pas moins de 5 cols à gravir et la deuxième partie beaucoup plus roulante avec ces 140 km et 1000d+ certains de l’ultra distance diront que c’est une formalité , mais réaliser cette sortie en Pignon Fixe Brakeless c’est quelque chose .
Sortie de Bagnères après 3 km d’échauffement il est temps de mettre en route et de ne pas se rendormir , de toute manière les premières rampes du col de Peyressourde me mettent vite dans l’ambiance de la journée . Premier Sommet et déjà 1000 m de dénivelé avalé , les jambes tournent plutôt très bien , je reste concentré et bascule sur la première descente longue de 18 km jusqu’a Arreau . Il fait nuit je prends le temps et ne m’emballe pas , mon équipe suiveuse me met en garde et me demande de resté bien attentifs car a tout moment je peux voir débarquer un cerf , une vache , des moutons , sangliers etc , ça n’a pas loupé je me suis retrouvé avec un cerf avec des bois énormes le truc devait pesé environ 700kg , il a couru plusieur mètres à mes cotés avant de disparaître dans la forêt .
Déjà 1H30 sur le bike j’attaque le col d’Aspin quelques beaux virages relevés sur le début puis la pente devient plus douce , le revêtement est neuf ça roule tout seul . A 2 km du sommet le jour est en train de se lever , je profite du paysage et tourne la tête en contre bas pour voir tout ce que je venais de monter , deuxième sommet de validé . La descente est propre avec quelques virages piégeux me voila dans une petite vallée roulante d’une dizaine de km avant d’attaquer un des gros morceaux de cette traversée .
Km 50 , 2500d+ me voilà au pied du Tourmalet ,n’ayant jamais roulé dans le coin je prends les bosses une par une et continue mon chemin , malgré tout j’ai l’impression de connaitre tellement je les ai visionnées en vidéo .
J’arrive au fameux village de la Mongie , on m’en a beaucoup parlé et je sais d’avance que ça va pas être une partie de plaisir , 3 km pour sortir de cette station de ski envahie par mes potes les lamas , à ce moment là j’étais dans le dur mais j’étais super content d’être là . Tant bien que mal je me retrouve au sommet de ce col mythique et je décide d’effectuer ma première pause . Je fais le point avec mon staff et on est pas mal du tout , je demande des conseils à Max le locale et je bascule . Pour être honnête je décide d’assurer le sommet du col qui est vraiment raide et effectue 200 m à coté du vélo , la suite de la descente se déroulera parfaitement bien entre virages techniques , lignes droites , des vaches , quelques cyclistes qui montent dans l’autre sens bref j’ai kiffé grave .
Direction le col du Soulor , j’en ai beaucoup entendu parlé de ce faux plat , de l’irrégularité des pourcentages , bref je roule . Je me retrouve à 5 km du sommet et dans une pente a 10% , ça commence à être dur pas forcement musculaire mais mentalement je suis pas dans une bonne passe . Au dessus du Soulor je m’arrête un petit moment pour recharger les batteries , on a de la chance avec la météo j’ai pas eu froid de la journée même sur les sommets à plus de 2000m . Max me dit profite bien de ce passage entre le Soulor et L’Aubisque , me voilà sur une petite route en corniche , avec vue sur le Cirque du Litor , l’un de mes plus beaux moments de cette journée .
Sommet de l’Aubisque dernière descente et autant vous dire que j’ai les jambes en croix , pas cool quand il te reste une descente de 15 km avec des passages bien raides et techniques . Pas de temps à perdre , je me lance , je retient mon pédalage pour pas prendre de vitesse , tente de relativiser en me disant que j’ai de la chance d’être ici mais au bout de 3 km de bascule je m’arrête, je peux clairement plus bloquer la roue pour déraper et la ça devient dangereux …
Je rallie la station j’ai fait la moitié de la descente mais aussi la moitié du parcours ,mon équipe d’assistance voit bien que les descentes de cols commencent à me faire sacrément mal à la gueule et me motive à partir pour ce dernier tronçon compliqué .
Km 175 environ 5000d+ , je suis dans ce que je me suis fixé et presque à la minute prés , j’avais prévu 8 h sur la partie montagne , j’en sors en 7h56 . Pour faire simple , il reste 140 km et 1000d+ , normalement une formalité . Les kilomètres s’enchainent bien environ pendant 30 km malgré un petit vent de face mais je résiste encore , un petit beug avec mon garmin et hop 8 km de plus au compteur , c’est pas grave on repart .
Km 210 je sens mes jambes me lâcher petit à petit et pour compliquer encore un peu plus la chose , je prends une grosse sèche mais disons que je la prends pas au bon moment car j’arrive dans la dernière difficulté le col d’ Osquich , rien de dur en soit , 9 km à 5% de moyenne . Mon corps me dit stop mais ma tête continue de me faire avancer , avancer un grand mot je regarde le compteur et voit 6km/h . A ce moment précis je dis à Mich c’est fini je suis au bout j’ai plus de force … je bascule au sommet et essaie de me refaire en tournant les jambes dans la descente . En bas je fais le point il reste 60km plat mais toujours vent de face.
J’ai mit 40 minutes à me refaire une santé , j’ai dû m’arrêter au moins 4 ou 5 fois sur 20 bornes pour boire , manger et me faire secouer par mon équipe . La fin du parcours emprunte des 2 voies , de la nationale , il y avait pas mal de monde vers 16h30 j’étais dans mon élément, dans le traffic , c’était fluide , de long bout droit vallonné ou à chaque bosse je me faisais sauter le caisson en sachant pertinemment que je tiendrais pas le rythme jusqu’au sommet mais je donne tout à l’arrache complet .
1h03 pour les 38 derniers km propre pour une fin d’étape , je rejoints la ligne d’arrivée en plein centre de Bayonne .
Il se sera écoulé exactement 13h52’14’’ , 320km environ 6600m d+ entre Bagnères-de-Luchon à Bayonne
J’y suis allé dans un premier temps pour battre le temps de Patrick , le Pionner du fixie longue distance en montagne , on peut dire que c’est fait , car il avait réalisé en 2015 : 16h18’38’’ mais par dessus ça j’ai encore énormément appris sur moi même , j’ai repoussé encore un peu plus mes limites , j’ai fait pas mal de petites erreurs qui font partie de ces aventures , mon coté un peu freestyle m’a couté quelques points de vie samedi dernier , je sais que si je veux encaisser au mieux les descentes , il va falloir s’entraîner et se casser les cuisses bref encore une très grosse journée d’apprentissage avec des bons moments ou tout est facile et les moments très dur où tu prends ton vélo et le balance dans le coffre du camion car oui c’est arrivé une fois .
Je tiens à remercier dans un premier temps ma petite équipe qui me suit et sur qui je peux compter et ensuite les personnes qui me soutiennent que se soit par du partenariat où en passant par le petit message veille de course ou même pendant , continuer comme ça .